Guide pratique pour gérer les allergènes dans votre restaurant (sans prise de tête)

Si vous êtes ici, c’est que vous cherchez à comprendre comment gérer les allergènes dans votre restaurant de façon simple, conforme et efficace. Et vous avez bien raison : c’est un sujet sensible, encadré par la loi, qui peut vite devenir un risque pour vos clients… et pour votre établissement. 

Dans ce guide, je vous montre comment mettre en place une vraie stratégie allergènes, de l’identification à la réaction d’urgence, en passant par l’affichage et la prévention en cuisine.  

Objectif : que chaque membre de votre équipe sache quoi faire, à chaque étape. 

Ce guide s’adresse à : 

  • Les restaurateurs, chefs et gérants qui veulent sécuriser leur service face aux risques allergiques. 
  • Les responsables HACCP ou hygiène qui souhaitent structurer les procédures allergènes dans leur PMS. 
  • Les équipes de cuisine ou de salle qui ont besoin de repères clairs pour bien gérer l’information client. 

Dans cette page, vous allez découvrir : 

  • Vos obligations d’affichage et d’information, selon la loi. 
  • La liste complète des 14 allergènes à déclarer, et où les repérer concrètement dans vos produits. 
  • Les bons réflexes pour éviter les contaminations croisées en cuisine. 
  • Le protocole à suivre en cas de réaction allergique dans votre établissement. 

Pas de blabla inutile : que des conseils applicables, basés sur le terrain, pour gérer les allergènes sans stress et sans erreur. 

Et si vous voulez approfondir certains points, je vous guide vers les articles détaillés juste en dessous.  

Ce guide est l’un des chapitres du guide pratique de l’hygiène et de la sécurité alimentaire pour les restaurateurs.

Formation HACCPProtégez votre établissement et évitez les sanctions

Ce qu’il faut retenir 

  • La gestion des allergènes est obligatoire, transversale, et non négociable 
  • Elle repose sur 4 étapes : information client, connaissance des allergènes, prévention en cuisine et réaction d’urgence 
  • Vous êtes tenu de connaître les allergènes présents dans vos plats, de pouvoir en informer le client, et de réduire les risques de contamination croisée 
  • Cette maîtrise doit être documentée dans votre PMS, via des fiches techniques, des supports clients, des procédures internes, et des actions correctives si nécessaire 
  • En cas de problème, vous devez retracer rapidement l’origine d’un plat et agir sans délai 

Pourquoi vous devez absolument prendre les allergènes au sérieux 

Ce sujet n’est ni mineur, ni facultatif. Il touche à la santé de vos clients, la conformité de votre établissement, et votre responsabilité directe en tant qu’exploitant. 

Voici pourquoi les allergènes représentent un enjeu critique en restauration : 

  • Fréquent 

Les allergies alimentaires concernent entre 3 % et 8 % de la population, et les cas graves sont en augmentation. 

  • Grave 

Une simple trace peut provoquer des réactions immédiates et potentiellement mortelles : œdème, détresse respiratoire, choc anaphylactique. 

  • Réglementé 

Le Règlement (UE) n°1169/2011 (dit “INCO”) vous impose de signaler clairement la présence des 14 allergènes majeurs dans vos plats. Cette obligation s’applique à toute restauration non préemballée : sur place, à emporter, en livraison ou en restauration collective. 

  • Soumis à contrôle 

La DDETSPP peut intervenir à tout moment. Un défaut d’affichage, une information erronée ou un personnel non formé peut entraîner des sanctions, voire une fermeture temporaire. 

  • Souvent mal maîtrisé 

Beaucoup d’établissements pensent être conformes… alors qu’ils n’ont ni procédures écrites, ni fiches à jour, ni protocole de gestion en cas d’urgence. 

Comment mettre en place une bonne gestion des allergènes dans votre restaurant ? 

1. Informer vos clients de manière claire et conforme à la réglementation 

En tant que restaurateur, vous êtes obligé de signaler la présence des allergènes dans vos plats. C’est la base de votre conformité, et un enjeu de sécurité pour vos clients. La loi vous laisse deux options pour informer  

L’information écrite (recommandée) 

Vous pouvez : 

  • Afficher un tableau des allergènes par plat 
  • Annoter votre menu avec des icônes ou des mentions claires 
  • Mettre une fiche technique à disposition sur demande 
  • Proposer un QR code qui mène vers une page dédiée 

Dans tous les cas, l’information doit être lisible, accessible, compréhensible par tous. 

L’information orale (autorisée mais encadrée) 

Vous pouvez choisir d’informer oralement à condition que : 

  • Une mention visible indique cette possibilité, comme : « La liste des allergènes présents dans nos plats est disponible sur demande. » 
  • Le personnel concerné soit formé et capable de répondre précisément 
  • Le contenu de l’information soit disponible par écrit à tout moment pour vérification ou contrôle 

Une mauvaise réponse, même donnée de bonne foi, peut vous être reprochée en cas d’incident ou d’inspection.  

Si vous voulez un point complet sur les obligations, les formats acceptés et les erreurs à éviter, lisez : Allergènes en restauration : quelles sont vos obligations d’affichage et d’information ? 

2. Connaître et tracer les 14 allergènes à déclaration obligatoire 

La loi impose de signaler 14 allergènes dans tous les plats que vous servez. Mais encore faut-il les connaître – et savoir où ils peuvent se cacher. 

Ce ne sont pas toujours des ingrédients “visibles”. Ils sont souvent présents dans les sauces, les panures, les bouillons industriels, ou même les décorations de dessert. 

Voici ce que vous devez mettre en place pour bien les gérer au quotidien : 

Identifier les allergènes dans vos produits 

  • Lisez systématiquement les fiches techniques des fournisseurs 
  • Vérifiez aussi les produits semi-élaborés : fonds de sauce, vinaigrettes prêtes à l’emploi, panures, chapelures 
  • Méfiez-vous des additifs masqués : 
  • E322 = lécithine de soja 
  • E1105 = lysozyme (œuf) 

Même si vous cuisinez tout sur place, des allergènes peuvent entrer en cuisine via un ingrédient transformé. Il faut les repérer avant que le plat ne soit servi. 

Créer des fiches recettes internes 

  • Faites une fiche par plat, listant tous les ingrédients et les allergènes présents 
  • Tenez à jour un tableau synthétique pour l’équipe de salle 
  • Ne négligez pas les suggestions du jour ou les plats à emporter : ils sont soumis aux mêmes obligations 

S’assurer que l’équipe est au courant 

  • Les cuisiniers doivent savoir ce que contiennent les plats 
  • Les serveurs doivent pouvoir retrouver l’information facilement, même si l’allergène ne figure pas dans le nom du plat 

Je vous ai préparé un article complet où je vous détaille les 14 allergènes un par un, avec des exemples de plats concernés, des pièges à éviter et des conseils pour les repérer dans vos recettes : Les 14 allergènes à connaître et déclarer obligatoirement en restauration 

3. Éviter les contaminations croisées en cuisine 

Ce n’est pas toujours l’ingrédient lui-même qui provoque une réaction allergique. Parfois, c’est une trace laissée sur un ustensile, une planche non lavée, une miette tombée au mauvais endroit. 

Les contaminations croisées sont invisibles, souvent imprévisibles… mais elles peuvent avoir des conséquences graves. 

Ce qu’on appelle contamination croisée 

C’est le transfert accidentel d’un allergène dans une préparation qui ne devait pas en contenir. 

Cela peut se produire : 

  • Par contact entre aliments (ex. : un plat sans allergène posé à côté d’un plat contenant du lait ou des œufs) 
  • Via des ustensiles ou surfaces non nettoyés 
  • À cause de gestes automatisés (torchons partagés, mains non lavées, gants non changés) 
  • Par l’air, dans certains cas (ex. : farine, lait en poudre) 

Comment l’éviter ? 

Sans tout révolutionner dans votre cuisine, vous pouvez déjà : 

  • Organiser un plan de travail spécifique ou nettoyé en priorité pour les plats “sans allergène” 
  • Réserver des ustensiles identifiés (code couleur, étiquettes) 
  • Former l’équipe à ne pas alterner entre des plats avec et sans allergènes sur le même poste 
  • Prévoir des protocoles de nettoyage renforcé après certaines préparations 

C’est une question de rigueur, mais aussi de méthode partagée par toute l’équipe. 

4. Savoir réagir en cas d’urgence allergique 

Même si vous avez bien informé vos clients, bien tracé vos produits, et bien organisé votre cuisine… le risque zéro n’existe pas. Et quand un client fait une réaction allergique, chaque seconde compte. 

Vous devez être capable de reconnaître les signes, agir vite, alerter les secours et documenter l’incident. Et surtout : votre équipe doit savoir quoi faire, sans attendre les consignes du chef. 

Reconnaître les signes d’une réaction allergique 

Les symptômes peuvent apparaître en quelques minutes après ingestion, parfois même dès la première bouchée. Voici les signes les plus fréquents : 

  • Gonflement du visage, des lèvres ou de la gorge 
  • Difficultés à respirer, oppression thoracique 
  • Démangeaisons, rougeurs, urticaire 
  • Étourdissements, chute de tension, malaise 
  • Vomissements ou douleurs abdominales 

Il suffit d’un seul de ces signes pour déclencher immédiatement la procédure d’urgence. Il ne faut jamais attendre que la situation s’aggrave. 

Que faire, étape par étape  

1. Stoppez le service pour cette personne 

Isolez-la si nécessaire pour réduire le stress, rassurez-la, et restez présent. 

2. Appelez immédiatement le 15 ou le 112 

Expliquez qu’il s’agit d’une réaction allergique grave, précisez les symptômes et votre adresse complète. 

3. Gardez les preuves 

Conservez le plat, les fiches techniques des ingrédients utilisés, les emballages, les tickets de caisse si besoin. 

4. Notez ce qui s’est passé 

Heure d’apparition des signes, plats servis, allergènes suspectés, gestes effectués : tout doit être inscrit dans un registre. 

À retenir côté équipe 

Chaque membre du personnel, en salle ou en cuisine, doit être capable de reconnaître un début de réaction allergique, et de lancer l’alerte sans attendre. 

Vous devez aussi former vos équipes à la gestion du stylo auto-injecteur (type Epipen) : 

  • On ne l’utilise jamais de sa propre initiative 
  • Sauf si la victime le demande clairement, ou si elle est inconsciente et que vous êtes formé à son utilisation 

Enfin, une fois la situation sous contrôle, il est indispensable de : 

  • Faire un retour d’expérience avec l’équipe 
  • Mettre à jour vos procédures si une faille a été identifiée 
  • Préparer un dossier complet en cas de contrôle ou de signalement à la DDETSPP 

Je vous renvoie vers mon article détaillé où je vous guide, pas à pas, sur la gestion d’une crise allergique en restauration, du premier symptôme à la traçabilité post-incident : Réaction allergique dans un restaurant : que faire en cas d’urgence ?